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Affaire Royal Le Drian : en interview comme en entretien d'embauche les émotions sont trompeuses

Publié le 31 Juillet 2020 par DMT in Au fil de l'actu, Décryptage, Communication non verbale

Savoureux rebond de l'actualité. L'acte manqué de Jean-Yves Le Drian rapporté par Le Canard Enchaîné de cette semaine prouve que Ségolène Royal n'a pas menti devant les caméras. De l'encre numérique avait pourtant coulé le 5 juillet, après sa déclaration au cours de l'émission BFM Politique. Sur la base d'un ethos passablement abîmé, le comportement de l'ex ambassadrice pour les pôles avait mis en alerte les disciples du Mentalist et du docteur Larry Hagman. Un détournement de regard visible à 0.09 sur la vidéo, suivi à 0.11 de la manipulation d'un stylo ont suffit à certains pour douter qu'elle ait été vraiment contactée lors de la constitution du gouvernement Castex. Une interview TV rappelant émotionnellement ce qu'un candidat peut vivre en entretien d'embauche, il me semble utile de rappeler les risques d'une interprétation hâtive. Ainsi il me revient à l'esprit une règle pleine de sagesse apprise lors de mes stages en Synergologie. Il faut au moins huit items convergents avant de conclure à une tentative de tromperie. Ici, les deux observations mentionnées plus haut ne sont pas suffisantes. D'autant qu'elles peuvent signifier un besoin de retour à soi-même, voire la recherche d'une aide ponctuelle qui se traduit par la préhension d'un objet "doudou". Maintenant que nous savons que Ségolène Royal avait reçu par erreur un SMS où elle est traitée de folle par le ministre des Affaires Etrangères, son trouble ponctuel est compréhensible. Attention donc, les émotions aussi sont trompeuses. Afin d'éviter un faux positif, il convient de relancer son interlocuteur en revenant par exemple sur les points associés à sa réaction. Ici le journaliste (ou le recruteur en entreprise) aurait dû demander des précisions sur l'identité du proche du président de la République qui a appelé l’ancienne ministre de l'Ecologie. Les réponses obtenues lui auraient peut-être permis d’interpréter le geste adaptateur observé comme une mise à distance d'un tiers. D'autant que la répétition de son "J'ai été appelée" ponctué par un "oui" suivie d'une intonation qui baisse au moment de dire "un proche du président de la République" laisse entendre pour le moins du dépit. Nous savons à présent qu'il s'agit probablement d'un sentiment de trahison. Or, les deux mains de Ségolène Royal donnent à voir au même moment le pouce et l'index qui subrepticement se frottent nerveusement, comme agacés. Il y a du Broyé du Poitou dans l'air. Comme quoi, en étant  bien attentif, la lecture du langage non verbal s'est souvent du... gâteau. Belle suite d'été à tous.

Article initialement publié sur Linkedin

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