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Quand l’abus de séquestration souligne la pauvreté de la communication

Publié le 28 Juillet 2009 par AH in Décryptage

D’un point de vue communicationnel, le recours aux actions fortes peut s’expliquer ainsi : les salariés, entre fusion, rachat et changement de direction sont un peu perdus. Les restructurations fleurissent, les postes périssent. Les employés ne comprennent pas,  manifestent pour garder leur emploi, ne sont pas entendus, et passent à la vitesse supérieure. Ce sont les médias qui les écoutent, à défaut d’un système de communication interne approprié qui aurait pu éviter, à tous, de biens mauvais moments. 

 

En rédigeant l’article précédent, j’ai entendu à la radio que des salariés de Servisair Cargo « retenaient » leur PDG et Directeur Général à l’aéroport de Roissy, pour obtenir de meilleures indemnités de départ. La séquestration serait-elle devenue le nouveau procédé de négociation ? Ou est-ce le seul moyen pour les salariés de faire connaître leur combat, de placer leur entreprise sous le feu des projecteurs, de mettre au pied du mur leurs dirigeants ?

 

La question est alors toute autre : le recours à ces moyens forts est-il le résultat d’une mauvaise communication interne des entreprises ? L’ouvrier de 3M qui répondait à BHL sur le site du Point a écrit : « Quand nous sommes allés pour le rencontrer, le directeur est allé s'enfermer dans un bureau... Cette scène pour moi est l'expression du mépris de la direction à notre encontre […] » Où sont les conseillers en communication de ces entreprises ? Où sont ceux sur qui repose la cohésion d’une organisation ? Il faut croire que l’enjeu de la communication interne en temps de crise n’est pas toujours bien compris. Là où compassion, écoute et transparence sont de rigueur vis-à-vis de l’opinion publique, certains se tiennent à distance des salariés et gardent le silence.

 

Soulevant bien des débats, tant dans la sphère politique qu’au sein de la population, les séquestrations et menaces d’explosion posent la question des rapports entre direction et employés. A l’ère des grands groupes, des fusions et des plans sociaux à répétition, les employés ne savent plus à quel saint se vouer, et c’est vers les médias qu’ils se tournent.

 
Annabelle Huguenotte
Etudiante en Master 1 Communication des organisations - UCL

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A
La distinction management/communication interne mérite en effet d'être faite. Mais je reste convaincue que la personne chargée de la communication interne au sein de 3M aurait pu/dû essayer de "rattraper le coup". Comment provoquer davantage les salariés qu'en coupant, littéralement, le dialogue avec eux ?<br /> <br /> En ce qui concerne la maîtrise des médias par les salariés, je suis tout à fait d'accord avec vous. Les salariés ont compris et savent utiliser les médias pour faire pression sur leur entreprise, en temps de négociation. Reste que la communication interne peut jouer un rôle dans la prévention et la gestion de ce type de crise. Ainsi, des entreprises auraient pu éviter que leurs salariés aillent jusqu'à de tels actes, si de meilleures relations avaient été préparées en amont. Toutefois, c'est là mon point de vue d'étudiante en communication, peut-être encore un peu utopiste.
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M
Un dirigeant qui s'enferme dans son bureau, ce n'est pas un problème de communication interne, c'est un problème de management. Reste à savoir dans quelles circonstances exactes a eu lieu ce "rendez-vous".<br /> <br /> En ce qui concerne les séquestrations, à mon humble avis, il ne s'agit pas d'un déficit de communication interne à l'entreprise mais plutôt une bonne maîtrise, de la part des salariés, des médias pour peser sur les négociations. C'est pas forcément très bon pour l'image d'une entreprise que de passer au 20 heures de TF1 avec la mention "Encore un patron séquestré". Regarder à ce propos ce qui s'est passé pour les New Fabris qui ont parfaitement su manipuler/instrumentaliser les médias en menaçant de faire sauter leur usine.
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